Querelle de succesion au royaume d’Araucanie

Publié le 24/08/2014 - par Mathias Fournier

Alors que l’action de la Principauté araucanienne gagne en crédibilité, le conflit autour de la succession du prince Philippe pourrait fragiliser l’improbable monarchie.

Querelle de succesion au royaume d’Araucanie

Le prince Antoine IV d’Araucanie devant l’église abbatiale de Tourtoirac, hier.
© Photo Photo arnaud Loth

Mathias Fournier - perigueux@sudouest.fr

Tous les 23 août, une drôle de cour se rassemble dans le petit village de Tourtoirac. Drapeau bleu blanc vert en étendard, vestes fleuries de décorations, barbes garnies et ponchos, les sujets du Royaume d'Araucanie et de Patagonie se donnent rendez-vous chaque année en Périgord pour honorer la mémoire d'Antoine de Tounens, premier prince du royaume (lire encadré).

Prince pendant plus de soixante ans, Philippe Ier est décédé en janvier dernier. Une succession qui aujourd'hui pose problème car ils sont deux à revendiquer le titre de prince : Antoine IV et Stanislas Ier. Un conflit qui dissone à l'heure où le royaume s'applique à gagner en crédibilité.

Une ONG à l'ONU

Longtemps, il a plus été question du royaume pour son folklore que pour sa mission originelle : la protection des intérêts des Indiens mapuches. Cela étant, la perpétuation de la tradition propre à la monarchie d'Araucanie attire certains amateurs : « Il n'y a pas de fanatisme, les processions, les costumes, les décorations, cela fait partie de notre tradition », sourit un des sujets du royaume. Au-delà de cet aspect purement littéraire, lié aux conditions de création de la monarchie, le maintien du royaume, aujourd'hui privé de toute existence juridique, a permis, selon le prince Antoine IV, «d'inscrire dans la durée l'action d'aide aux populations mapuches ».

Derrière un décorum qui peut apparaître, à bien des égards, désuet, une association et une ONG, Auspice Stella, « le bras armé de la maison royale », a reçu l'année dernière un statut consultatif spécial au sein du Conseil économique et social de l'ONU.

Pour le vice-chancelier du royaume, Klaus-Peter Pohland, cette consécration officielle est une bonne nouvelle car « le statut a apporté du sérieux et plus de gens s'intéressent à notre mission ». Le discours du représentant de l'ONG auprès des Nations unies, Reynaldo Mariqueo, a récemment été repris par la presse chilienne.

Le retour de la farce

Pourtant, l'actuel conflit autour de la succession du prince Philippe pourrait bien ternir la nouvelle image du royaume.

En juin dernier, Stanislas Parvulesco s'est fait couronner Ier et prétend être le seul prince légitime. Un putsch qui, pour le Prince Antoine IV, « relève de la farce, de la blague potache ». Accompagné de sa garde rapprochée, il est venu à Tourtoirac hier, prétextant une visite au musée. De quoi faire sourire ses contradicteurs.

Pour ceux-là, le jeune homme ne serait qu'une marionnette entre les mains de Franz Quatreboeuf qui, déçu de ne pas avoir été élu, se vengerait. Paradoxalement, Klaus-Peter Pohland pense que cette situation en « tirant vers eux le ridicule » va du même coup donner plus de crédibilité à l'actuel prince.

Une situation que regrette de son côté Dominique Durand, le maire de Tourtoirac, car si elle devait durer cela « galvauderait une fois de plus la mémoire d'Antoine de Tonens et les intérêts des Mapuches », les grands perdants de cette farce.

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Source: © www.sudouest.fr

 

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