United
Colors des terres saisies.
Par Sebastian Hacher – 18
décembre 2003
La Patagonie a une longue histoire de répression coloniale.
Mais les conquérants modernes derrière les évictions,
sont plus intéressés par leur intérêt
de la propriété. La Patagonie est á l’extrême
sud de l’Argentine, une région qui regroupe tous
les climats et terrain imaginable, des rivières et lacs
aux couleurs turquoise aux déserts et glaciers. Sous
la cordillère, une neige immaculée qui couvre
les montagnes du sud des Andes qui séparent l’Argentine
et le Chili, se trouvent les plats et fertiles pampas sur lesquelles
broutent les moutons et le bétail.
Dans cette contrée, vivent les Mapuches. Connus sous
le nom de ‘Gente de la Tierra’ (Peuple de la terre),
ces indigènes vivent des deux côtés des
montagnes depuis plus de 10000 ans sans être concerné par
leur nationalité. Depuis les 500 dernières années,
ils ont résistés aux invasions, aux tentatives
d’exterminations et de dépossession de leurs terres.
En 1879, plus de 1300 Mapuches ont été massacrés
et leurs terres confisquées par des immigrants anglais
dans une guerre génocide appelée ‘La Conquista
del Desierto’ (La conquête du Désert). Pendant
cette campagne, L’Etat d’Argentine a divisé la
majorité des terres volées en lots de 8000 km2
et a laissé plus de 41 millions d’hectares á moins
de 2000 colons.
Dans les années suivantes, la Patagonie est passée
sous la domination étrangère et de propriétaires
argentins. Décimés, les survivants Mapuche sont
condamnés á vivre sur les terres les plus pauvres
et prendre refuge dans le froid et sur les contrées
les plus inhospitalières comme les montagnes.
Aujourd’hui, le peuple Mapuche doit faire face à une
nouvelle conquête des pays européens et d’Amériques
du Nord qui prennent avantages des bas prix et de l’ouverture économique établie
sous la mondialisation pendant la présidence de Carlos
Menen dans les années 1990. Ces dernières années,
des personnalités comme Ted Turner, Jerry Lewis, Sylverter
Stallone, Christopher Lambert et George Sorros sont devenus
propriétaires de terres en Patagonie.
Le grand nombre de célébrité et d’homme
d’affaire arrivé sur ces terres neocoloniales
a pris le peu de territoire qui était resté aux
mains du peuple Mapuche.
United Colors de la propriété.
Par mis les nouveaux propriétaires de la Patagonie,
deux frères se surpassent, á la fois par le nombre
de terres qu’ils ont acheté mais aussi par les
accords qu’ils ont conclus avec les familles Mapuche
vivant á proximité. Ces deux frères sont
Carlo et Luciano Benetton.
Le groupe benetton est aujourd’hui le plus grand propriétaire
en Argentine avec 900000 hectares (équivalent á 900000
terrains de football) des terres riches de Patagonie. Avec
9 % des régions les plus cultivables, leurs propriétés,
fait 40 fois la taille de la capitale, Buenos Aires, la deuxième
plus grande ville d’Amérique du Sud.
En plus d’avoir des points de ventes de vêtements
dans 120 pays, Benetton contrôle également les
autoroutes et les entreprises de télécommunications
en europe. Avec un total de 7000 magasins et une production
de 100 millions d’articles par ans, Benetton a un revenu
d’environ 7 billions d’Euros.
" La Patagonie me donne une étonnante sensation
de liberté " a dit Carlos Benetton en prenant possession
de ses nouvelles terres en Argentine. Mais Benetton a plus
qu’une sensation de liberté dans son ranch : Benetton
a 280000 moutons qui produisent 6000 tonnes de laines par ans
c’est á dire 10% de ses besoins.
Pour un total de $50 millions, Benetton a acheté en
1991 l’entreprise Anglaise, Compania Tierras del Sur
Argentina S.A. (appelé simplement ‘La compañia ‘ par
la population locale). En retour, pour cette terre occupée
depuis 13000 ans par la population Mapuche, Benetton a fait
construire le musée Leleque en 2002 pour "raconter
l’histoire et la culture de cette terre mythique".
Mapuche et Benetton.
A sept cents mètres du musée Leleque, vivent
les Curiñancos, une famille Mapuche qui s’est
retrouvée du mauvais coté du Benetton "étonnante
sensation de liberté". Au XIXème siècles
après avoir été expulsé de leurs
terres beaucoup de Mapuche ont immigré vers les villes
pour devenir des ouvriers, peu sont resté pour vivre
de leurs terres et aujourd’hui produisent de la laine
pour Benetton á un très bas salaire. Comme d’autre
Mapuche, Atilio Curiñanco a immigré vers la ville.
Né et élevé á Leleque, il va par
la suite emménager près de Esque. Après
la crise de l’économie en Argentine en décembre
2001, Atilio, 52 ans et sa femme Rosa ont décidé de
retourner sur leurs terres. Ils vont essayer de produire leur
nourriture, élever du bétail et commencer une
petite entreprise.
La famille Curiñancos contacte l’institut "Autárquito
de Colonización (IAC)" une agence immobilière
de l’état pour demander la permission de s’installer
sur la terre appelée Santa Rosa situé devant
la propriété de Benetton. La terre est connue
de la population Mapuche pour être inoccupée et
cela a été confirmé verbalement par IAC.
Après avoir attendu 8 mois, la famille Curiñancos
n’a toujours pas reçu de réponse écrite á propos
de la propriété de Santa Rosa.
Quand en août 2002, l’IAC finalement présente
une note á la famille confirmant que "les informations
obtenues confirment que la propriété est une
zone commerciale" et que "notre intérêt
est de la réserver pour une petite entreprise",
la famille Curiñancos décide de continuer leur
plan. Le 23 août, ils se présentent á la
police de Chubut et font savoir qu’ils vont s’installer
sur les terres de Santa Rosa. Le même après-midi,
un groupe de campisinos commencent á travailler la terre
avec peu de moyens pour planter des légumes et élever
des animaux.
Le 30 août, l’office locale de Benetton, déclare
que Santa Rosa fait partit de leur propriété.
Benetton fait un report signalant que cette propriété n’est
pas pour l’élevage de bétail. Après
deux mois, la police saisi les affaires de la famille Curiñancos
qui doit retourner á Esquel. La terre autour de la propriété Benetton
est actuellement toujours inoccupée.
" Nous sommes allés sur ces terres sans ne faire de mal á personne" a
déclaré Atilio. "Nous n’avons pas coupé de barrières,
nous n’y sommes pas allés de nuit, nous ne nous sommes pas cachés.
Nous avons attendu que quelqu’un nous fasse savoir si la terre leur appartenait,
de se présenter avec un acte de propriété et personne ne
s’est jamais présentée".
Pour l’avocat de Benetton, Martin Iturburu Meneff, le
litige n’est pas politique mais simplement un problème
de "délinquance" sans aucune raison légale á l’action
de la famille Curiñancos : Suggérer que la restitution
de la terre va ramener la dignité de la famille qui
veut seulement arrêter les choses, ce qui va déconcerter
les gens. Cela déforme les choses’ Quelques semaines
après, il déclare á la presse que ‘ la
relation entre La Compañia et la communauté Mapuche
est excellente. "C'est la première fois que nous
avons un problème á propos de la terre".
La famille Curiñancos, a déclaré qu’il
retournerait sur la terre qui leur a été prise,
et qu’il refuse de laisser Benetton réécrire
leur histoire.
En novembre 2002, plus d’un an après l’éviction,
et après une campagne acharnée de la famille
Curiñancos, le vice-président de La Compañia
les a rencontrés pour les informer qu’il allait
demander á Benetton de retirer la plainte s’ils
acceptaient de renoncer á la terre. La famille Curiñancos,
convaincu de leur position, a refusé : " Même
si nous devons aller en Italy, nous continuerons de nous battre
pour cette terre ".
Leleque : La prochaine éviction
?
De l’autre côté de Santa Rosa, en traversant la route poussiéreuse,
la mère d’Atilio, 85 ans, Doña Calendaria, doit passer
par-dessus les barrières de chez Benetton pour accéder au seul
point d’eau de la région.
"La route qui mène á la rivière
Chubut est une route locale et ne devrait pas être fermée" affirme
Laura une résidente de la région depuis 40 ans.
Elle décrit le changement de la région depuis
que Benetton a acheté la terre en 1991 : Ils ont trois
barrières cadenasser, et pour entrer, il faut leur demander
la permission. Vous ne pouvez pas pêcher sans permission
car ils ne vous laissent pas faire. Au bout de la propriété,
il y a des familles, mais ils ne peuvent pas passer par les
terres de Benetton, ils doivent faire le tour, c’est á dire
90 km.
Leleque est un village de 8 familles dont la plupart sont
Mapuche. Ils travaillaient pour les transports ferroviaires
d’Argentine, chargeaient de la laine, du cuire et d’autres
marchandises qui partaient vers la capitale. En 1992, un an
après l’achat des terres par Benetton, l’entreprise
ferroviaire a arrêté de charger les marchandises á partir
de Leleque.
"C’était une très belle ville, mais
maintenant, cela a l’air d’un cimetière" dit
le voisin de Calandaria, Pichón Llancaquero. Quand la
station a fermé, l’eau courante a été coupée
et la police a arrêté de s’occuper de la
ville. Le cimetière fait partit de la propriété de
Benetton, á quelque mètre du musée. Sans
travail, eau potable et terre á cultiver, la population
de Leleque n’a que leurs animaux pour survivre. A la
fin de septembre 2003, l’Etat a interdit aux habitants
du village de garder des animaux. Le même mois, les 50
habitants de Leleque ont été expulsés
par l’entreprise ferroviaire qui veut utiliser leur maison
pour faire un parc d’attraction pour touriste.
Ce projet touristique, soutenu par la province de Chubut,
doit remettre en marche les lignes ferroviaires car il inclut
une visite guidée en train de la Patagonie. Les représentants
de la province dénient que ce projet est en relation
avec Benetton, une des principales attractions, sera la visite
des leurs terres et de leur ranch. La description officielle
du projet touristique prévoit un tour sur les origines
de la région á partir d’EL Maiten jusqu’á Leleque.
Là il y aura la visite du musée et la possibilité de
manger un ‘asado’ de Patagonie au ranch de Benetton.
Pour faire de la place, l’école de Leleque comprenant
18 élèves va aussi être fermée.
Pendant ce temps, l’Etat a promit de reloger les expulsés.
Miguel Mateo, le porte-parole de Ferrocaril Provincial del
Chubut (entreprise ferroviaire de Chubut) parle d’un
simple relogement : "Je n’aime pas l’utilisation
du mot expulsion, cela implique que les personnes ont été jetées à la
rue". Mais apparemment le relogement n’est pas garanti.
Pas convaincu par leur discours, les habitants de Leleque
ont commencé á s’organiser. Ils démontrent
que d’autre communauté du territoire de Mapuche
tel que les Nahuelpan, ont été autorisé à rester
sur leurs terres et ont été intégré dans
le projet touristique qui utilise leur gare. Ils disent que
la différence c’est que les autres gares ne sont
pas entourées des terres Benetton.
Traduit par Sabine.
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