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President Ricardo Lagos Escobar
Président de la République du Chili
Palacio de la Moneda
Fax: 0056 2 690 40 20
Email : ricardolagos@lagos.cl

Ministre Luis Bates Hildalgo
Ministère de Justice du Chili
Fax: 0056 2 968 70 98
Email : miju@reuna.cl

Halte a la répression sur le territoire Mapuche

Messieurs,

En tant que membres de la société civile, nous nous adressons à vous, sérieusement préoccupés par la situation des peuples indigènes au Chili et du peuple Mapuche en particulier. Plus de 14 ans ont passé depuis que le Chili s'est libéré d'un des régimes dictatoriaux les plus décriés par l'opinion publique mondiale dans les dernières décennies. Depuis lors, trois gouvernements de l'Alliance de la Concertation des Partis pour la Démocratie ont gouverné le pays, présentant celui-ci comme un pays moderne, avec des indicateurs macro-économiques privilégiés dans la région, stabilité politique et sociale, et soulignant le total respect des droits fondamentaux des personnes.

Pourtant, il est nécessaire de reconnaître de sérieuses lacunes dans la démocratie chilienne : une distribution inégale des richesses, liée à l'application de politiques néo-libérales qui font passer les droits du capital avant ceux des peuples et des personnes ; l'absence de réels mécanismes de participation citoyenne, le manque d'institutions politiques qui garantissent les droits des citoyens et une série de vides profonds et structurels en relation avec les droits économiques, sociaux et culturels.

En ce qui concerne directement les Peuples Indigènes et Originaires , à la différence d'autres états sud-américains, le Chili ne reconnaît pas dans sa Constitution le caractère pluriethnique et multiculturel du pays et il s'est refusé, à plusieurs occasions, de ratifier la Convention 169 de l'Organisation Internationale du Travail (OIT). Aujourd'hui, le résultat évident est que les autochtones vivent dans une situation de négation, d'exclusion socio-économique et de discrimination multiforme, à quoi s'ajoute la répression des formes multiples de protestation que ces derniers ont initiées.

De cette manière, on constate une continuité de politiques qui prédominent depuis les temps de la Colonie espagnole et les constructions nationalistes postérieures. Entre 1881 et le début du XXè siècle, on a usurpé au peuple Mapuche 95% de son territoire historique, ils ont perdu près de 9.500.000 d'hectares. Nous déplorons que le saccage n'ait pas été arrêté et que les compagnies forestières étrangères et nationales continuent à étendre leur ère d'exploitation en territoire Mapuche, en dégradant l'environnement de façon notoire. Pour sa part, l'administration actuelle n'établit pas une protection effective des territoires indigènes, comme le relève la construction du barrage hydraulique dans l'Alto Bio Bio qui a inondé plus de 3.500 ha des terres ancestrales du peuple Mapuche. Cela a signifié le déplacement des habitants de la zone, la destruction des relations traditionnelles entretenues pendant des générations, le changement de l'habitat, de la subsistance et la transformation des écosystèmes.

Comme si cela ne suffisait pas, l'Accord de Solution Amicale signé entre le Gouvernement et les Mapuche devant l'OEA, n'a pas été respecté par l'Etat lui-même.

Face à une telle situation de discrimination permanente, nous reconnaissons l'existence d'un mouvement mapuche actif qui revendique la récupération de leurs terres, la préservation de leur culture et de leur organisation sociale, ainsi que la recherche de meilleures conditions de vie et d'autonomie pour leur peuple. Quelle a été la réponse des gouvernements successifs ? Une répression systématique qui a augmenté davantage sous la présente gestion. Entre l'année 2002 et 2003, 22 dénonciations et plaintes ont été déposées contre des Mapuche, pour des délits auxquels s'applique la Loi antiterroriste, héritage de la dictature militaire qui permet d'incorporer des délits communs qui étaient déjà traités dans le Code pénal comme "incendie ou menace terroriste".

Entre décembre 2000 et octobre 2003, plus de 200 Mapuche ont fait l'objet d'investigation judiciaire pour une probable participation dans des délits en relation avec des conflits entre indigènes et compagnies privées. Plus de 50 Mapuche se trouvent actuellement en résidence surveillée ou autre mesure préventive et près de 40 personnes doivent vivre dans la clandestinité pour protéger leur intégrité physique et morale.

Il est important de rappeler aussi que les procès ont été frauduleux, ayant utilisé des témoins à visage caché, des interrogatoires extrajudiciaires avec des traitements violents, que les téléphones des avocats de la défense ont été mis sous écoute et que la Cour Suprême de Justice s'est interférée, en annulant les jugements qui libéraient de tout soupçon les imputés mapuche. La violation des Droits Humains en territoire Mapuche de la part de l'Etat ne s'est pas limitée aux adultes, il existe en effet de multiples dénonciations documentées de cas de menaces, agression physique et psychologique et de torture sur des enfants mapuche.

Devant cette situation, au nom du respect des Droits Humains et des Droits Collectifs des Peuples Autochtones, nous demandons de toute urgence :

  • l'arrêt immédiat de la répression policière et militaire en territoire Mapuche

  • l'établissement d'un dialogue participatif et démocratique avec les organisations du peuple Mapuche

  • l'établissement d'une réforme constitutionnelle en commun accord avec les Peuples Originaires, qui s'articule avec la ratification de la Convention 169 de l'OIT, et qui octroie une protection efficace aux populations indigènes face aux activités d'exploitation des ressources naturelles sur leurs Territoires.

  • la libération immédiate de tous les prisonniers politiques mapuche, à savoir : Lonko Aniceto Norin Catriman, Lonko Pascual Pichún Paillalao, Victor Ancalaf, José Nain, José Llanca Ailla, Patricia Troncoso Robles , Juan Antonio Huenchun, Jaime Marileo Saravia, Patricio Marileo Saravia et Jorge Manquel, que l'on a condamnés dans le cadre de jugements caractérisés par l'arbitraire, la violation des droits des accusés et toutes sortes d'outrages.

Nous tenons à vous rappeler que les personnes qui élèvent leurs voix aujourd'hui en défense des droits des Peuples Originaires et des Mapuche en particulier, sont des amis historiques du peuple chilien, que nous n'avons eu aucune hésitation à soutenir divers des actuels membres du gouvernement lorsqu'ils luttaient pour la démocratie et étaient persécutés par la dictature militaire. Pour cela, nous resterons vigilants devant l'évolution de la situation et nous répandrons toujours plus l'information à ce sujet au niveau international.

Avec notre considération,

Contact pour la campagne didepudidepu@yahoo.es

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