Une interview avec Atilio Curinanco

Par Pauline Bartolone – Esquel, Chubut, novembre 2003

Atilio Curinanco est couramment en train de se battre contre l’entreprise Benetton qui a usurpé les terres de la province de Chubut. Ci dessous est une interview sur leur cas ainsi que sur les menaces d’éviction á Leleque, le village où Atilio a grandi.

• Quelle est l’implication de l’entreprise Benetton pour les Mapuches en Patagonie?

La vérité, á yeux, est que le groupe Benetton est le propriétaire le plus puissant mais il ne l’admet pas. Il ne fait pas d’effort pour aider les gens natifs bien au contraire. Il teste sa puissance et ce qu’il veut vraiment, c’est de pouvoir tout éradiquer. Cette action en justice que j’intente, est une affaire très sérieuse pour moi. Ils ferment les routes avoisinantes, les réserves (humaines, animales ou naturelles), tout ce qu’il peut s’approprier. Les gens ne peuvent pas chasser, pêcher, ils n’ont pas les ressources de vivre une vie normale. Où qu’ils aillent, ils sont accompagnés par la police !

• Quelle est votre histoire personnelle avec Benetton ?

Mon histoire début avec l’idée de commencer une entreprise familiale á l’endroit ou nous vivons. Je connais cet endroit très bien parce que j’y suis né et Benetton ne s’en était jamais servi. Personne ne s’est porté responsable pour ce lieu. C’est juste avant que vous arriviez sur la route. Si vous avez l’occasion d’y aller, vous verrez que cet endroit est séparé des terres occupées par Benetton. Donc un jour, nous sommes allés voir Jack, qui est responsable pour les terres gérées par le gouvernement, avec nos papiers. Nous avons attendu 7 ou 8 mois mais n’avons pas eu de réponse. Finalement, un jour nous avons décidé de demander la permission de nous installer ici puisqu’il est entendu que la terre appartient au gouvernement, mais ils ne nous ont pas donnés de titres ou autre parce qu’il fallait qu’ils voient les améliorations que nous pouvions apporter. Avant d’occuper la terre nous sommes allés présenter notre cas á la police comme nous n’avions toujours pas l’autorisation signée par Jack, nous ne voulions pas faire d’erreurs. Mais tout cela était de leur faute. Nous avons donc commencé á prendre tout ce dont nous aurions besoin pour nous installer là-bas, dans une maison toute simple. Donc le jour où nous sommes allés à la police, ils nous ont laissés nous installer à condition que nous ne fassions pas de dégâts. Nous n’avons pas coupé des barrières, nous n’avons pas mis de portail et nous ne nous sommes pas caché. Nous nous attendions à ce que quelqu’un vienne nous questionner ou nous demander des papiers prouvant que la terre nous appartenait, mais personne n’est jamais venu. La seule chose que nous avons reçu est une action en justice contre nous et nous nous occupons toujours de ça. Nous étions donc installés depuis 2 mois, peut être un peu plus et pendant ce temps nous avons commencé á creuser pour l’irrigation, avons planté des légumes, des arbres fruitiers et des fraises. Nous avons fait beaucoup de progrès, peut être autant que si nous avions été la pour un an ou un an et demi. Lorsqu’ils sont venus nous mettre à la porte, la police a été surprise de voir ce que nous avions déjà accompli.

 

Traduit par Hélène

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